La vie d'Emmanuel Chabrier




Né à Ambert au cœur de l'Auvergne, le 18 janvier 1841, Alexis Emmanuel Chabrier baigne dans une ambiance de bourgeoisie provinciale qui va lui permettre de commencer le piano dès l'âge de six ans et de bénéficier de leçons de musique avec successivement deux maîtres immigrés espagnols.

Malgré des prédispositions marquées pour la musique, il se retrouve à Paris pour entreprendre des études de droit (1856).
Licence en poche, il devient fonctionnaire dans un bureau du ministère de l'intérieur qu'il partage avec notamment J.K. Huysmans.
Ce poste conservé jusqu'en 1879 lui apporte une stabilité matérielle.

L'homme est parallèlement fasciné par la puissance culturelle du Paris du Second Empire; mais au lieu de l'observer placidement, il s'immerge dans les milieux littéraires et artistiques les plus progressistes de la capitale.
Les parnassiens l'accueillent, il se lie d'amitié avec Verlaine. Les impressionnistes sont en marche, non seulement il deviendra un fidèle ami de la plupart d'entre eux et notamment de E. Manet mais aussi un des premiers collectionneurs éclairés de leurs œuvres.
Il devient rapidement indispensable dans les salons parisiens grâce à son formidable jeu pianistique.

      


Son caractère jovial le porte à composer des opérettes, L'étoile (1877) connaît un succès…sans lendemain, l'œuvre est légère mais d'une écriture fine, complexe, atypique dans ce genre et donc incomprise.
En 1879, il entend Tristan et Isolde de R. Wagner ; bouleversé, il abandonne définitivement son emploi pour devenir compositeur à part entière.
En 1883, il rencontre un succès public retentissant avec sa rapsodie pour orchestre ramenée d'un voyage espagnol : España.
Dès lors on s'intéresse à lui et par une coutume bien française, on le catalogue :
Il est un compositeur d'opérettes pour les wagnériens.
Il est wagnérien pour les autres.

Même si il se consacre essentiellement au théâtre lyrique, il écrit des pièces pour le piano dont se souviendront C. Debussy et M. Ravel.
Pourtant, il n'aura guère de chance en France avec ses œuvres.
Gwendoline s'arrête à Bruxelles après la deuxième représentation à cause de la faillite du directeur de l'Opéra, et l'incendie de l'Opéra Comique interrompt Le Roi malgré lui après la troisième.
Néanmoins, comme un de ces maîtres H. Berlioz, ses œuvres eurent plus de chance en Allemagne, grâce à l'amitié du chef wagnérien Félix Mottl.

Atteint d'un mal incurable, il ne pourra terminer sans énormes difficultés Briséis, son dernier opéra, mais composera jusqu'à la fin des œuvres légères et joyeuses, Joyeuse marche, les Romances " zoologiques ", telles la villanelle des petits canards, la ballade des gros dindons ou la Pastorale des cochons roses.
Il meurt à Paris le 13 septembre 1894.

Depuis lors il est joué en France de manière épisodique avec toujours un grand succès car sa musique en avance sur son époque est maintenant comprise par un large public pourtant il ne parvient malheureusement pas à s'imposer au répertoire des théâtres lyriques.